Penser au ralenti

J+3 (je crois) de mon départ de Facebook, et plus généralement de mon éloignement d’Internet. Des évidences, et quelques surprises.

Pour commencer par le plus évident : beaucoup de temps gagné et prêt à être consacré à autre chose. Un gros tri sur les relations, où le superficiel, l’illusion d’avoir plein d’entourage s’efface pour ne laisser que les quelques vrais amis (et qui sont, hélas, encore plus rare qu’escompté). Vide pas forcément simple à vivre dans le contexte actuel, mais au final le bilan est très positif, et je suis vraiment content d’avoir franchi ce pas (et aussi de ne pas le remplacer par une autre addiction !).

J’ai été surpris par la réaction d’une partie de mes contacts : comme s’il fallait se dire au revoir, comme si je partais dans un pays lointain. OK, j’habite en pleine cambrousse, mais quand même 😉 Ca me laisse perplexe sur l’importance qu’on donne à cet outil. Mais j’étais le premier à lui avoir laissé une place trop importante. Je lis avec un mélange d’ironie et de frayeur ces comptes rendus d’utilisateurs de BlackBerry qui se sont retrouvés complètement paniqués parce que leur joujou préféré était en panne pendant quelques heures.

On m’a dit qu’une fois qu’on avait coupé court avec Facebook, si on y revenait par la suite, on voyait les choses d’une manière complètement distanciée, en trouvant bien futile tout ce qui peut s’y passer. J’en avais vraiment saturé avec les conflits à deux sous, les double-jeux et faux semblants, les polémiques stériles et les fausses amitiés pour la vie. Bref, un bac à sable que je laisse sans regret, même si je reste persuadé que ça peut être un outil fabuleux pour garder contact avec ceux qui sont loin.

On m’a dit aussi « Facebook n’est que ce qu’on veut bien en faire ». C’est vrai. Mais je me connais, je suis trop entier et d’un bloc, et je sais que j’aurais eu du mal à rester « modéré » dans mon usage. D’où cette démarche abrupte, qui a surpris. Je ne cherche pas à dire que c’est idiot de rester sur Facebook, et que tout le monde devrait en partir. Je dis juste que pour moi, dans le contexte du moment, et connaissant les objectifs que je tiens à tenir, c’était nécessaire.

Mais le truc qui m’a le plus changé ces derniers jours, c’est le fait d’arrêter de « zapper » sans arrêt. Sur Facebook, on ne consacre que quelques secondes à un statut, une fiche d’ami, pour passer très vite à la suite. Le cerveau est sans cesse stimulé, ce qui joue sans doute beaucoup pour obtenir cette addiction. Et au final, on en revient à ce côté très « consumériste » qu’impose notre époque. On ne s’attarde sur rien, on passe très vite à la suite. On se met à généraliser cette démarche, à vouloir à tout prix remplir sa vie de trucs, faire en sorte qu’il se passe toujours quelque chose, et avoir très vite un besoin, un manque, s’il ne se passe rien.

La contrepartie de casser cette logique, c’est d’avoir l’impression d’avoir le cerveau qui « ralentit », qui se pose. Ca n’a rien de négatif, au contraire. C’est encore difficile, mais je sens que je vais petit à petit vers une démarche où j’ai moins le besoin de remplir ma vie à tout prix, de paniquer s’il y a un temps mort. Les quelques soucis récents m’obligent de toute manière à avoir une vie plus posée, mais j’apprécie réellement ces moments où je ne fais rien de particulier, juste avec un livre, un film, ou simplement assis par terre à caresser ma toutoune. Et je vois s’éloigner les angoisses ou questionnements existentiels du style « il faut que je fasse quelque chose », « je gâche du temps à ne rien faire ». Et… ça fait du bien.

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