J’apprend ces temps-ci à faire du temps mon allié… Bizarre paradoxe, où le temps est l’unité la plus simple à faire dérouler, et pourtant la plus dure à maîtriser…
Certains ont pu dire « avec le temps va, tout s’en va »… Je n’ai pas l’impression de voir exactement les choses de cette façon là. Tant qu’il y a de vie en tout cas !
Pour aller dans les grandes métaphores, le temps est pour moi comme une vague sur un rocher. Eliminant le superficiel, le sale, ce qui nous pèse ou ce qui n’a plus lieu d’être, mais laissant le plus solide, l’intemporel. Depuis que je tente de laisser le temps parler pour moi, de mettre un peu d’ordre dans ma vie, je vois de plus en plus distinctement mes fondamentaux, les piliers sur lesquels je cherche à fonder ma vie. Les choses s’éclaircissent et de nombreuses tâches et saletés partent au large, soulageant de bien des poids, ne laissant que l’essentiel, ce qui nous correspond vraiment.
Mais que faire lorsque ces fondamentaux là sont derrière soi ? Que faire lorsque les errements de la vie et de ma petite cervelle les ont enfoncés dans les profondeurs, puis que le temps, au lieu de les estomper, de les effacer, les renforce et les remonte sans cesse à la surface ? Je n’ai pas d’autre réponse qu’à nouveau, laisser le temps agir.
Le truc bizarre avec le temps, c’est que pour essayer de le dompter un peu, il faut commencer par se laisser dompter par lui. C’est douloureux, mais j’apprend.
Le truc bien, en revanche, c’est qu’il permet aussi d’avoir les idées plus au clair. J’ai appris à me méfier de mes réflexes lorsque les périodes sont noires, lorsque l’on est tenté de céder à la panique, à faire n’importe quoi pour faire demi-tour ou changer brutalement de direction. Mais lorsque, avec du temps, on redevient plus serein, plus au net dans ses affaires, et que les mêmes fondamentaux ressurgissent toujours… là on peut se dire qu’on se fier à ce qu’on pense, et vraiment écouter son coeur.
C’est dur de se laisser porter par le temps. On a l’impression de ne pas forcément faire ce qu’il faudrait, de ne pas en faire assez. Mais puisqu’au final le temps finira par nous emporter, j’essaie de regarder avec sagesse et respect le temps qui passe et guide nos vies…