J’étais en train de rentrer tranquillement en voiture de mon réveillon de Noël, lorsque j’ai eu la…surprise, en allumant la radio (sur France Culture) d’écouter… la messe de minuit. Chouette !
Outre le côté carrément flippant de la façon dont sont données les messes (sans déconner, on croirait entendre des robots lorsqu’ils font prononcer des trucs style « béni sois-tu seigneur » entre deux récitations), je me demande à chaque fois ce que vient faire ce genre de programmes sur le service public.
Certes, ça fait partie du « cahier des charges » de ces médias, et je me doute qu’un certain nombre d’employés de chez France 2 ou France Culture doivent tout autant s’agacer de ces diffusions « obligatoires ». Mais quand même : tout ceci est-il bien compatible avec le principe fondamental de laïcité de la république ?
La loi de 1905 parait pourtant claire :
ART. 2.- La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. En conséquence, à partir du 1er janvier qui suivra la promulgation de la présente loi, seront supprimées des budgets de l’État, des départements et des communes, toutes dépenses relatives à l’exercice des cultes.
Enfin, claire… la suite l’est un peu moins, puisqu’on rentre dans la catégorie des exceptions :
Pourront toutefois être inscrites auxdits budgets les dépenses relatives à des services d’aumônerie et destinées à assurer le libre exercice des cultes dans les établissements publics tels que lycées, collèges, écoles, hospices, asiles et prisons.
PS : n’allez pas croire que je suis devenu un spécialiste en droit public, je me suis contenté de lire cet excellent article de Maître Eolas.
Dans les faits, la situation est bien plus complexe, floue, et sujette à polémique, comme le décrit dans le détail cet autre excellent document. En fait, les questions sont multiples :
Je pense être une personne tolérante, et j’avoue, même si je ne suis pas croyant, être particulièrement sensible aux formes de spiritualité. J’ai parfois assisté à des offices religieux, parce que je voulais voir ce que ça donnait. Mais ça s’est tout le temps fait parce que c’était ma volonté ! Là, j’ai l’impression d’être pris par surprise, de me retrouver dans une situation imposée, et qui plus est financée par mes impôts.
Ces missions de service public ont été mises en place à une époque où la télévision et la radio étaient des monopoles. On peut à la limite comprendre qu’il était nécessaire, à l’époque, de laisser une place à la notion de religion, dans un pays où cet aspect des choses prend encore beaucoup de place. Mais, bientôt en 2013, à une époque où Internet permet de diffuser tout ce qu’on veut, à une époque où il existe depuis longtemps des TV et radios intégralement consacrées aux religions (et c’est très bien !), je trouve qu’il faudrait revoir ce cahier des charges : le « libre service des cultes » n’est plus en jeu depuis des lustres, et si certaines religions ont bien du mal à « recruter », ce n’est pas parce qu’elles sont trop peu représentées dans les médias, bien au contraire, mais plutôt parce qu’elles devraient se poser de sérieuses remises en question sur les principes véhiculés, et leur cohérence avec la société d’aujourd’hui.