Dans les jours à venir, l’ensemble de la population européenne, Royaume-Uni compris, est convoquée pour élire ses parlementaires. Je dois avouer que pour la première fois de ma vie, la tentation de l’abstention est forte.
Et pourtant, ces élections devraient représenter tout ce que j’attends de la politique : je suis farouchement pro-européen, non pas par dogmatisme ou sans vraiment savoir pourquoi, mais parce que le lien entre peuples de différentes cultures et pour moi essentiel. On pourrait me qualifier de mondialiste si le terme n’avait pas une connotation aussi pro-économie-bulldozer.
Le peu que j’ai suivi des récents débats m’a consterné au point de baisser complètement les bras sur l’envie de m’impliquer, ou même de trouver un représentant me correspondant.
Faute à un travers qui je crois n’est pas français, et qui en tout cas n’est pas récent, de confondre élections européennes avec débat national : la plupart des propositions que j’entend de la bouche des différents intervenants, quelque soit leur bord, est au mieux irréalisable, au pire complètement à côté de la plaque par rapport à leurs futures responsabilités potentielles au sein du parlement européen. A croire que le programme n’importe absolument pas (ce qui n’est pas complètement faux), mais que seules les postures, si possibles les plus démagogues possibles, importent.
Pire, les listes donnent une impression presque légitime de « magouilles », puisqu’en fait les élus devront ensuite monter des accords pour s’intégrer dans des groupes, transverses au pays, qui eux vont vraiment représenter des courants d’opinion, et travailler au niveau du parlement européen. Mais ces groupes ne correspondant pas forcément au périmètres des listes nationales, et n’ayant pas forcément possibilité de négocier leur place avant de savoir le résultat des élections, s’ensuit le sentiment d’un manque de transparence, et de ne pas savoir au final pour quel courant on vote.
J’imagine qu’il y a d’innombrables raisons expliquant pourquoi on ne peut pas le faire, mais je n’ai personnellement jamais bien compris pourquoi les listes pour les élections européennes n’étaient pas des listes… européennes. Il me semble qu’on y gagnerait sur tous les tableaux :
Je n’ai pour ma part pu ressentir une quelconque appartenance européenne qu’en étant confronté à d’autres européens, et réaliser que l’Europe c’est bien plus qu’un machin technocratique ou un instrument de pouvoir manipulateur. Et il me semble qu’on ne pourra sortir éventuellement d’une ornière où l’Europe n’inspire que dégoût ou indifférence qu’en donnant des signes concrets de ce que peut être l’Europe.
Le pire dans toute cette histoire est que la seule branche politique qui joue ouvertement l’image de l’alliance européenne est l’extrême droite, qui n’hésite pas à monter des meetings réunissant des représentants français, italiens, autrichiens, estoniens… Toutes les branches fortes de leur mouvance réunies pour anticiper un groupe parlementaire qu’ils cherchent à rendre le plus fort possible.
C’est quand même sacrément paradoxal qu’une mouvance parmi les plus anti-européennes soit celle qui joue le plus le jeu de la collaboration entre pays pour construire un mouvement politique le plus puissant possible !