Hyperactivité

J’étais l’autre jour à une soirée où une dame d’une cinquantaine d’années racontait sa rupture et son célibat tout neuf : « C’est génial, je fais plein de choses dont j’avais envie ! Je fais du sport, je visite des musées, je vais au ciné, je m’éclate ! ». Et là me vient une question… mais pourquoi ne faisait elle pas tout ça avant ? Et pourtant, on est tous plus ou moins tombé dans ce syndrome..

Je ne vais pas critiquer cette personne car il faut bien admettre que j’ai fait exactement pareil : se retrouver seul avec soi même, amène soit à se laisser couler complètement, soit à se prendre par la main et effectivement reprendre tout un tas d’activités qui font du bien : je me suis réinscrit au théâtre, je refais du sport, je vois du monde, etc etc…

Cet état de fait m’amène beaucoup de questionnements : pourquoi se prive t’on soi-même de tout ça dans un couple ? Si cette personne avait envie de faire du sport, de visiter des musées, pourquoi se l’interdisait elle avant si c’est vécu maintenant comme une telle joie ? Son mari devait sans doute lui causer du travail, mais pas plus que les tâches qu’elle doit assumer aujourd’hui toute seule.

C’est sur qu’il faut à un moment donné privilégier le fait de « faire des choses en couple ». Mais j’ai parfois l’impression (et là je parle surtout pour les mecs d’ailleurs…) qu’être en couple, c’est aussi le prétexte pour complètement se relâcher, et faire en sorte que le mec passionné de plein de trucs se transforme en une espèce de beauf avachi devant la TV avec une bière ou un ordi à la main. Forcément super décevant pour l’autre…

Respecter son individualité et celle de l’autre, c’est aussi se faire force de pas se « laisser aller », et de continuer à porter ses envies et goûts. On ne peut pas avoir 100% de goûts communs. Et je ne crois pas que résumer le couple à un fonctionnement sur le « plus grand commun dénominateur », ne faire que ce qui convient systématiquement aux deux, soit une bonne idée : c’est aussi faire une croix sur plein de choses, qu’on regrette forcément puisqu’on s’empresse de les faire une fois célibataire.. Et ça donne une impression d’enfermement dans un couple, de manque d’épanouissement qui se paye hélas souvent cher à la sortie… Se retrouver à en vouloir à l’autre, alors qu’on pourrait tout simplement continuer à se prendre en main et tenir ferme le cap sur ses envies, ses loisirs…

Toutefois, si l’on regarde les choses d’un autre angle, on peut aussi se dire, et c’est sans doute également assez vrai, que cette hyperactivité est surtout là pour se cacher le vide de sa propre vie… Je me suis moi même infligé, sans doute pour faire une « fuite en avant », une surdose d’activité, qui au passage m’a bien montré que je ne suis plus de toute première jeunesse, et que le corps lâche bien plus vite qu’avant…

Du coup, je suis plutôt à l’heure actuelle à me replier sur une vie plus calme, où je vais chercher mon épanouissement autrement. Et à me dire, que le couple, c’est aussi censé être une source d’apaisement, de trouver son équilibre dans la complicité, dans l’amour que l’on construit au quotidien, et qu’à un moment, continuer à poursuivre des chimères d’une « vie de jeune homme » (ou de jeune fille…) est une illusion…à laquelle je me suis fait prendre, je l’avoue.

Bref, j’ai sans doute un point de vue beaucoup plus nuancé sur la question que je l’aurai eu il y a quelques temps. Comme souvent, la vérité est dans un équilibre entre les différentes façons de voir les choses : sombrer dans une passivité totale est une grosse bétise (très courante…), se bercer d’illusion sur sa capacité à avoir une vie hyper remplie à long terme et d’être frustré de ne pas l’avoir en est une aussi…

 

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