Ecrire

Ecrire, sur ce blog ou ailleurs, était censé être au départ une thérapie. Mais ça m’a aussi permis de me souvenir à quel point cela peut-être un plaisir et un vrai outil important dans la vie.

Lorsque j’ai écrit mon article sur Facebook hier, j’ai oublié un point qui pour moi est important : la notion de « statut », ou de commentaire, nous en a fait oublier le sens de l’écriture. Si l’on utilise un argument très capilotracté, on pourrait dire qu’un statut Facebook (ou un tweet…) pourrait s’apparenter à la démarche d’un haïku, mais la plupart du temps, il s’agit de pures phrases à caractère informatif, sans aucun fond, ni réflexion. On se moque de la génération SMS (ou des « petits poucets », comme les appelle Michel Serres dans un entretien passionnant sur la jeune génération), mais nous ne vallons guère mieux, nous les trentenaires ou quadra avec nos « MDR t’as bien raison » ou autres commentaires destinés à entretenir nos relations sur un réseau social. C’est peut être utile, mais c’est tout sauf de l’écriture.

Bref, je ne voulais pas (re)parler de Facebook, mais force est de constater que peu de place est consacrée aujourd’hui au vrai travail de réflexion, de retour sur soi-même, et de rationalisation des choses. Tout nous pousse à consommer rapidement, à jongler d’un sujet à l’autre sans prendre le temps de s’y consacrer plus de quelques secondes. Au travail, les emails s’enchaînent et me font passer sans cesse d’un sujet à l’autre. Dans la vie personnelle, l’hypercommunication que me permet Internet et les réseaux sociaux me donne l’impression de « maîtriser » tous mes contacts, de pouvoir être informé de tout et d’avoir la possibilité de se préoccuper de tout.

Mais tout ceci est entretenu finalement très artificiellement, et, si je referme l’ordi et que je prend le temps de me poser sur mon balcon à regarder la nature et à me poser un peu, je me rend compte qu’il ne reste finalement rien de tout cela, puisque tout a été traité superficiellement, survolé sans vraie implication. Et plus j’y réfléchis, plus que je me dis que ce réflexe de « consommation » rapide a eu de lourdes conséquences dans ma façon de gérer ma vie.

Bien sûr, puisque derrière tous ces statuts, ces emails, ces précipitations, nous demeurons des humains, il reste des pépites, de vrais chocs émotionnels (je pense à un texte que j’ai pu lire hier, quelque chose de très personnel venant d’une personne vers qui vont toutes mes pensées, et que j’ai lu comme un vrai coup de poing au ventre). Mais ça me conforte dans l’idée que prendre le temps de faire les choses, de soupeser la vraie valeur des relations humaines, est important. Et aussi à quel point l’écriture peut être structurante dans ma façon de raisonner, et salvatrice.

Sur les conseils de mon thérapeute préféré, et pour occuper mes débuts de matinée d’insomniaque, j’ai donc pris l’habitude d’écrire. Parfois pour ce blog. Parfois pour moi. Parfois des longs textes, parfois des listes, parfois de simples pensées posées en vrac. Parfois autour de mon nombril, parfois sur des sujets tout autre. C’est parfois douloureux, parfois agréable. Mais, à chaque fois, j’ai la même sensation, une fois ma petite séance d’écriture terminée, de « poser une valise », de soulager mon esprit de quelque chose qui l’occupait.

J’ai souvent dans le passé eu cette démarche de vouloir faire le ménage dans ma tête (et je vous assure qu’il y a du boulot 🙂 ). Mais, à le faire de manière chaotique, simplement en prenant un temps pour la réflexion, je me retrouvais avec la sensation de remuer des eaux stagnantes : ça fait du bien, ça bouge certaines choses… mais une fois que l’on arrête de touiller, tout ce qui est remonté à la surface redescend rapidement, et l’on se retrouve rapidement à la case départ, à n’avoir fait aucun travail de filtrage, ou de démarche plus pérenne.

Ecrire me permet de poser les choses de manière durable. Je me relis régulièrement. Parfois, je ne suis plus d’accord avec ce que j’ai pu dire. Parfois je me dis que je dirais les choses autrement. Parfois le choc est rude et je m’aperçois à quel point il était nécessaire de faire cette « piqûre de rappel ». Mais j’ai toujours cette même sensation d’avoir posé les choses derrière moi. Et c’est un grand soulagement.

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