Monthly Archives: mai 2008

Champ de distortion de la réalité

Vous allez dire que ça m’obsède, mais je me suis à nouveau penché sur la subliiiiime chanson de Sébastien Tellier, avant qu’elle retombe pour de bon dans l’oubli : si je me suis attaché à sublimer la mise en scène accompagnant la prestation de notre barbu préféré, j’avais en revanche négligé un composant essentiel : les paroles ! Grave erreur….

Oh oh oh
I… I’m alone in life to say
I love the Chivers anyway
‘Cause Chivers look divine
Look away
They try to find the Milky Way
They love to drink it every day

Bon sang mais c’est bien sûr ! Les Chivers… le lait… Mais cette chanson parle du grand chef-d’oeuvre d’Eric et Ramzy, « Steak », réalisé par Quentin Dupieux, l’ex Mr Oizo ! Et le détail qui tue qui m’enlève le moindre doute : Sébastien Tellier jouait dans le film !

Mais qu’est ce donc que ce « Steak » dont je parle ??? Ahah, mais les amis, vous loupez quelque chose !

Bon, je vous sens sceptique… Alors, ce que je vous propose, c’est d’abord une petite revue de presse pour vous rendre compte de la dimension de l’oeuvre :

(…) dès les premiers plans on se laisse guider : auteur d’un Non Film introuvable qu’il faudra se procurer de toute urgence, Quentin Dupieux a la main sûre. –Les Cahiers du Cinéma

Le film s’appelle Steak (aucun rapport avec l’histoire), il ne ressemble à rien, il est très drôle, décharné et complètement lo-fi, mais qu’il existe nous fait un bien fou. –Chronic’art

on se retrouve avec un film profondément atypique (…) entre éloge de l’idiotie fondamentale et satire de l’époque (…) –Libération

hors catégorie, multiplie les références (Lynch evidemment, mais aussi Kubrick, Gilliam avec « Brazil » etc,..), un film d' »auteur » avant-gardiste tres stylisé

Bon, là, vous êtes calmé, quand même !! Un film qui cite Lynch et Kubrick, qui est adulé par les cahiers du cinéma… Et maintenant, tada, la bande annonce ! Cliquez ici pour la visualiser.

Bon, là ya deux hypothèses :

  • Soit je suis un vieux con réac qui ne comprend rien à rien, et surtout pas à l’Art
  • Soit le milieu pseudo intello de mes couilles est en train de se vautrer lamentablement dans des « oeuvres » telles que le foutage de gueule de Tellier, ou cette merde immonde que j’aurai honte de projeter à mon pire ennemi, en snobant tout le monde avec des réflexions du style « Vous ne comprenez rien, les mecs nous offrent leur génie derrière une dérision totale, c’est tellement second degré que c’est génial ! »

Allez, j’assume le fait d’être un vieux con, ça sera pas la première fois 🙂

Divine gamelle

Comme des milliards de spectateurs, je suis resté scotché devant ma télé le WE dernier pour voir la magnifique prestation de notre nouvel héros national, ma nouvelle idole : Sébastien Tellier, wouh wouh !


Sebastien Tellier – Eurovision 2008 [Divine] France
envoyé par bywere

N’empêche, cette « prestation », toute aussi abominable et en foutage de gueule qu’elle soit, a réussi a m’intriguer : allez, avouez, vous aussi, vous vous êtes demandé ce que ce zouave fichait avec un ballon gonflable vraisemblablement piqué à un gosse dans le public ? Repassez vous la vidéo, vous allez trouver….

Eh oui, comme super effet de scène de la mort qui tue, il n’a rien trouvé de plus intelligent que d’avaler de l’hélium pour avoir une voix super rigolote pendant un couplet ! Wouh wouh !

Mode mauvaise langue : le problème, c’est que vu qu’il a tout le temps une voix ridicule, personne n’a vu la différence !

Allez, à l’année prochaine pour un autre accident industriel eurovisionnaire 🙂

Incipit

Le billet précédent m’a donné envie de replonger dans l’univers de Jean-Pierre Jeunet, réalisateur bien à part parmi les cinéastes français. Si vous aimez ça, je vous conseille les pistes « commentaires audio » de ses DVD, qui sont toujours très instructifs.

En farfouillant sur le Web, j’ai trouvé la définition de ce qu’était un « Incipit » : « une séquence dans laquelle le réalisateur présente tout ce que le spectateur doit comprendre et retenir de la narration de son oeuvre artistique. donc soyez toujours attentif à ce passage dans un film, David Lynch le fait de façon très pédagogique dans tous ces films, il invite le spectateur dans son jeu narratif. »

Voici donc l’incipit de « La cité des enfants perdus », qui reste je crois le film de Jeunet (en fait, un des deux « Jeunet/Caro », l’apport de Marc Caro étant énorme) que je préfère, plein de poésie et d’originalité… mais aussi sans doute le « film maudit » de Jeunet, celui qui été le plus mal compris et qui a eu le moins de succès :


La cité des enfants perdus; incipit
envoyé par fuzz59

J’aime pas…

Au cas où il y aie quelqu’un dans la salle qui se demande pourquoi j’aime tant le petit jeu du « j’aime/j’aime pas »….


Foutaises – Jean-Pierre Jeunet
envoyé par Jumbo

Toute ressemblance avec « Le fabuleux destin d’Amélie Poulain » du même réalisateur est bien entendu tout sauf fortuite…. 🙂

Et vous, quels sont vos « j’aime/j’aime pas » ? 🙂

Problèmes techniques

Pffffiou, une soirée à vous mettre le doute, dans la catégorie « mais je sais plus me servir d’Internet, ma parole ! »

Pensez donc : je voulais me renseigner un peu sur Sébastien Tellier, le jeune artiste Français qui a été sélectionné pour l’Eurovision, et que je n’ai pas la chance de connaître. J’avais donc lancé mon Google préféré pour en savoir un peu plus…

Tout avait pourtant bien commencé : je trouve une interview sur le site Rue89 qui donne vraiment envie, lisez un peu l’introduction :

Sébastien Tellier est un génie. Iconoclaste, complexe, l’homme est en passe de réinventer la chanson française. Sur ses deux premiers albums, il explorait la famille et la politique. En paix avec lui-même, l’auteur de « La Ritournelle » s’attaque désormais au sexe…. Un objet musical comme notre contrée en produit trop peu. Sébastien, la France te dit merci.

Wouahouh ! Eh ben ! Rien que ça ! Au moins pour une fois on va pouvoir être fier de son représentant à l’Eurovision !

Nouvelle couche quand je tombe sur des commentaires d’auditeurs : « C’est sublime ». « C’est tellement beau ». « J’adore ! ». Là, je commence a me demander comment j’ai pu passer à côté d’un tel génie !


Malheureusement, c’est là où j’ai vraiment merdé : je dois avoir du mal avec Google, j’ai pas arrêté de me tromper !

J’ai commencé par chercher un extrait de son nouveau disque, « Sexuality », mais je suis tombé à la place sur un morceau qui doit probablement être une maquette de studio d’un vieux Vangelis ou Jean-Michel Jarre, mais qui avait été rejeté car trop médiocre : cliquez ici pour écouter ma première erreur.

Bon, j’essaie de me rattraper sur un site diffusant des vidéos, et là, encore plus troublant : je tombe sur une vidéo vraisemblablement pirate où l’on voit Sébastien Chabal bourré tenter une esquisse de chorégraphie (peut-être une parodie du Haka des All Blacks ?), mais la vidéo est vraiment loupée, car en même temps ils se sont trompés dans la bande son et ils passent une chanson bizarre qui doit être un vieux Christophe, ou alors un Barry Manilow sur la fin de sa carrière.

Bref, j’abandonne, je crois que je ne suis pas fait pour Internet… Je suis même allé jusqu’à chercher une image pour illustrer cet article, mais je suis tombé sur une photo de Raël :

PS : Inutile de vous dire que l’on n’a absolument aucune chance pour l’Eurovision ?

Orange électrique

Bon, j’arrive après la guerre, vu que la polémique date d’il y a quelques jours, mais j’avais envie d’écrire un peu sur le sujet… Le groupe électro Français « Justice » a récemment défrayé la chronique avec leur nouveau clip, réalisé par Romain Gavras du collectif Kourtrajmé. Je préviens d’avance, c’est plutôt violent :


justice stress (official video)
envoyé par 75_prod

Alors, c’est quoi ? Une version 2000 du « Quand on arrive en ville » de Balavoine ? Un buzz gratuit (et ça marche bien, vu le nombre de gens qui en parlent… Vous connaissiez Justice avant, vous ?) ? Un message caché ? Une dénonciation de la violence ? Une dénonciation de la mise en scène que font les journalistes des phénomènes de banlieue ?

Les réactions ont été tout aussi violentes, sur le thème de la « violence gratuite », tant il vrai qu’il est difficile à première vue de dire si le film dénonce la violence qu’il montre, ou l’amplifie. Comme toujours, en regardant d’un peu plus près, ce n’est pas si simple, mais pas pour autant pour dédouaner complètement le groupe et son réalisateur.

Autant le dire tout de suite, Romain Gavras n’est ni un débutant, ni un imbécile, et encore moins un facho. Fils du réalisateur Costa-Gavras (il signe d’ailleurs maintenant « Romain-Gavras », joli clin d’oeil), ça fait un moment que je suis son travail au travers des courts métrages qu’il a pu sortir avec son complice Kim Chapiron, et c’est souvent un travail excellent, proche d’une certaine « réalité des banlieues », du moins autant que je puisse en dire depuis ma campagne auvergnate ! Mais surtout, c’est un réalisateur malin et intelligent, et cela se ressent vraiment, même au travers de ce clip hyper-violent.

Regardons maintenant le clip d’un peu plus près. Le premier truc qu’on peut reprocher est l’absence totale d’explication. C’est vraiment un clip façon « reportage réel », avec la caméra qui tremble, et plein d’indices qui sont là pour montrer que l’on nous montre là un reportage : on voit a plusieurs reprises le perchman, le caméraman finit assomé à son tour à la fin du clip, etc… Les reporters se retrouvent ainsi mi-témoins, mi-complices des méfaits filmés, en courant avec les autres pour échapper aux flics, en ne défendant pas les personnes agressées…

Dans les critiques les plus fréquentes, celle disant qu’on se demande parfois si le clip n’est pas une pub pour les blousons (qui sont parait il disponibles à la vente, et hors de prix : 700 euros !), vu qu’ils sont omniprésents dans les scènes. L’image de ces blousons est pourtant pas accessoire : mi-flippante, mi-hypnotique, on imagine très facilement la frayeur qu’on pourrait avoir en voyant débarquer une bande comme ça, avec ces espèces de croix ressemblant à des cercueils.

Autre détail perturbant : à deux reprises (lorsque le flic détériore la caméra, lorsque les djeunz lancent la musique dans la BX), on se rend compte que la musique du clip s’interrompt. Ca m’a personnellement vraiment fait tiquer. On n’a pas affaire à un clip qui illustre la musique, mais à une musique qui sert de bande son « en réel » aux faits et gestes de la bande. Mine de rien, c’est un retournement de situation, une instrumentalisation de la musique plutôt….déroutante.

La façon de filmer est plutôt bizarre : on alterne des plans très « tv-réalité », typique d’un reportage fait à l’arrache, et d’autres beaucoup plus esthétiques, des travellings, de vraies mises en scène du décor de la banlieue ou du métro. Encore une fois, j’ai du mal à croire que Romain Gavras aie fait les choses au hasard, et je vois tout ça plus comme des moyens de brouiller les pistes qu’autre chose.

Autre brouillage de piste, ou démasquage de l’auteur : le fait que le clip reprenne pas mal du style, et des idées, d’un autre clip, datant d’une dizaine d’années : Bon alors, provoc, dénonciation ? Justice a été obligé de publier un communiqué de presse, où ils incitaient simplement à ce que chacun se fasse son interprétation. C’est vrai que, dans la société d’aujourd’hui, un film sortant des chemins balisés habituels où tout est très « manichéen », où l’on ne nous montre pas qui sont les gentils, les méchants… Ceci dit, les interrogations n’en sont que plus fortes après… On a parfois comparé le clip au film « Orange mécanique », avec toutefois un énorme bémol à apporter : le film de Kubrick était un film d’anticipation, alors que ce clip est censé montrer une certaine réalité bien réelle… et qui est peu contestée.

J’ai vraiment une impression troublante et bizarre : plus on visionne et l’on étudie le clip, plus l’on se rend compte qu’il est tout sauf une « grosse merde bâclée », comme on a pu le lire fréquemment, mais là où, plus ou moins consciemment, on attendrait une certaine « légitimation », un message qui montrerait que la violence montrée n’est pas une pub primaire de l’auteur, on ne fait que recenser des pistes brouillées, et d’autres interrogations… Dangereux ? J’espère que l’intérêt du film est au moins d’inciter à « lire » les images d’une manière un minimum réfléchie, et j’ai modestement écrit cet article en ce sens 😉

Je garderai juste la conclusion qui est celle du clip : « Ca te fait kiffer de filmer ça, fils de pute ?? »

Edit : quelques remarques supplémentaires et intéressantes :

  • Bertrand m’a fait remarquer à juste titre que certaines scènes étaient ouvertement des clichés à Orange Mécanique, comme quoi le rapprochement n’est pas si idiot que ça…
  • Tous les objets volés par les djeunz le sont toujours dans un but de destruction, et pas de possession : l’appareil photo est immédiatement détruit, la BX brûlée….
  • Les flics apparaissent d’une manière très « jeu vidéo », au détour de l’ouverture d’une porte d’ascenseur…. Un cliché de plus à cette culture
  • Lâcher de Toudou

    Il se passe des choses bizarres dans mon entreprise, on voit parfois des lapins qui se baladent dans les couloirs…

    Une pensée émue pour mon pauvre collègue qui se prend une grosse suée à l’intérieur… Peut être un excellent moyen pour perdre du poids, hum, à réfléchir !

    Souvenir de tournage

    Eheh, en surfant sur le site de la PAFE, je suis tombé sur des photos du tournage de « Un nouveau monde », que j’avais complètement oublié.

    Un zoli ptit moment de complicité père/fils ! (je vous dis tout de suite, après une quarantaine de prises foireuses, le fils était beaucoup moins complice avec son père 😉 )