Je n’en ai pas beaucoup parlé, mais j’ai eu l’occasion, il y a quelques semaines, de suivre un stage de formation à une discipline qui m’intriguait de longue date : la programmation neuro-linguistique, ou PNL.
Cette formation est symbolique pour moi : pour la première fois (et j’espère pas la dernière !), je prends le temps de me former à autre chose qu’à des bidules techniques ou à des trucs liés de près ou de loin à mon métier d’informaticien.
Même s’il est ironique que cette première incartade hors de ma « zone de confort » métier utilise le mot ‘programmation’, j’étais en fait bien loin de mes préoccupations habituelles… quoique. L’humain avant tout. Se préoccuper du comportement des gens. Tenter de les décrypter. Et ensuite (d’où le mot ‘programmation’), essayer de tirer des leçons de ces enseignements pour changer notre mode de relation avec les autres.
Ce n’est finalement pas si éloigné de mes préoccupations professionnelles, car, dans mon métier, il y a finalement beaucoup de préoccupations liés à l’humain, derrière les enjeux techniques : diriger une équipe, comprendre les besoins d’un client, tenter d’y répondre. J’ai retrouvé beaucoup de ces préoccupations pendant cette formation passionnante. Un grand merci à mon coach, Stéphane Witzmann, que je recommande !
La PNL est un voyage surprenant à l’intérieur de nos subconscients. Qu’est qui fait qu’un contact entre deux êtres humains peut être facile ou très compliqué ? Il est difficile de donner une définition précise à la PNL car les domaines visités sont nombreux. D’ailleurs, cette discipline s’est créée autour de l’agrégat de compétences de différents « fondateurs », aux profils très différents.
Un des clichés lié à la PNL est le côté « boîte à outils pour manipulateurs ». Et… c’est plutôt vrai. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que cette discipline est enseignée aux commerciaux, aux politiques… Mieux maîtriser le relationnel, c’est aussi se donner potentiellement les moyens d’amener les gens sur son propre terrain. Je dirais que tout est question d’objectifs, et de valeurs que l’on met autour de cela : la PNL, tout comme tous les domaines d’étude du comportement de l’humain, peuvent être utilisés ensuite pour le pire comme le meilleur. Un fondateur de secte doit avoir un sens du contact très puissant pour parvenir à ses fins, et sans doute une connaissance, intuitive ou étudiée, de son rapport aux autres. Et la PNL permet effectivement d’explorer ces territoires. Mais je reste persuadé que s’élever en tant qu’humain, passe aussi par une meilleure de ces aspects là. Et qu’on peut en tirer des choses très positives et constructives. C’est ce à quoi je vais tenter de m’appliquer dans les prochains mois en tout cas !
Un des aspects qui m’a le plus passionné est l’étude du corps humain. Des expressions du visage jusqu’aux gestes, de sa façon de marcher jusqu’aux tics, on apprend que le corps est un élément essentiel. Et ça fait beaucoup de bien d’étudier l’humain sans glisser dans des considérations psychiques, mais au contraire en se disant que le corps n’est pas que le vecteur d’émotions, mais aussi un acteur à part entière.
Il parait que lorsqu’on rencontre un événement imprévu très anxiogène, le corps se met à trembler avant même que le cerveau génère une sensation de peur. C’est une belle preuve que le cerveau n’est pas forcément aux commandes de tout !
Et ces réflexions m’amènent à un superbe spectacle que j’ai pu voir, presque par hasard, hier soir dans une petite salle à Gerzat. J’ignorais même jusqu’à ce soir là que Gerzat était équipé d’une salle de spectacle, par ailleurs plutôt très confortable et moderne.
Yves Marc est un comédien, un ancien profession d’éducation physique, un passionné du geste, du mouvement, jusqu’à avoir dédié son art autour de toutes ces préoccupations. Sa troupe, le Théâtre du Mouvement, propose depuis 40 ans des spectacles et des formations autour de ces disciplines. Et c’est tout naturellement qu’il a été amené à s’intéresser à la PNL, car, comme il l’explique lui même, le théâtre est la première des formes de communication ‘maitrisée’ entre des êtres humains. Qu’est ce qui fait qu’un comédien transmet une émotion ? Comment va t’il procéder ? Par quelle magie se retrouve t’on, en tant que spectateur, épuisé, émerveillé, attristé, par des événements qu’on sait faux et provoqués purement artificiellement ?
Le spectacle enthousiasmant auquel j’ai pu assister, fort justement nommé « Ce corps qui parle », est à mi-chemin entre la conférence, le spectacle de mime, et la leçon de choses : avec humour, Yves Marc propose de nous initier à ces disciplines, et à nous aider, par l’exemple, à décoder les petites choses du quotidien qui font que l’homme communique : par la marche, par le visage…
C’est très drôle, très didactique, et c’était pour moi un merveilleux complément à la formation à laquelle j’avais assisté peu avant. Je n’avais jamais entendu parler de ce M. Marc auparavant, et ça a été une vraie révélation : dédier ainsi son parcours à la transmission d’un savoir aussi riche, apprendre aux comédiens à se réapproprier leur corps, est une démarche noble, élargir ce périmètre avec de tels spectacles de ‘vulgarisation’ (je déteste ce terme, mais je n’en trouve pas d’autre), et voir les spectateurs (nombreux) sortir avec le sourire, était réjouissant.
J’ai retrouvé par bien des aspects une autre formation à laquelle j’avais assisté par le biais d’Improvergne, où Cédric Lacrouts nous avait initié à l’art délicat de l’improvisation théâtrale, en commençant par cette déclaration étonnante : il n’allait pas nous apprendre à improviser, car cela ne s’apprend pas, cela se vit. En revanche, il allait nous apprendre, là aussi, à se réapproprier son corps, son relationnel physique avec les autres, pour se sentir plus à l’aise sur scène et pour pouvoir, par le langage non verbal, par la pleine conscience, interagir avec l’autre autour d’un texte non écrit.
Et cela ramène aussi aux tendances du moments autour de la méditation de pleine de conscience, au yoga, au qi-gong, à ces disciplines qui ont pour objectif d’apprendre à mettre un peu de côté l’intellect, la réflexion, pour revenir aux fondamentaux du corps humain et de la perception que l’on en a.
J’ai trouvé pertinent une tirade ‘militante’ d’Yves Marc, ancien professeur d’éducation physique, qui disait qu’on était bien loin des idéaux de mai 68 pour sa profession, où l’apprentissage de son corps devait être parfaitement démocratique, pour tous, et pas dans l’objectif d’une élite et d’une compétition.
Et puis… comment ne pas penser à Jacques Tati, que je vénère depuis toujours, et qui lui aussi, par un talent incroyable de mime, avait amené un vent de fraicheur dans un cinéma très intellectualisé en y apportant une vision beaucoup plus intuitive, physique, mais tellement réjouissante.
Un grand merci donc à Yves Marc pour ce spectacle que je conseille à tous, si vous avez l’occasion de le voir par chez vous !
Mise à jour : en complément de cet article, n’hésitez pas à aller lire le compte rendu de Magic Orange Plastic Bird sur ce même spectacle !