Célibataire est un mot qui amène la compassion et les regards attristés… Pourtant, de plus en plus de français le sont… Statut enviable ou détestable ?
Voilà quelques mois que je redécouvre les « joies » du célibat (avec beaucoup de guillemets…), après l’avoir été pendant trois ans il y a quelques temps. J’ai vraiment l’impression d’appréhender cette période très différemment de ce que j’avais fait après mon divorce.
Quand je m’étais séparé après une longue histoire de 11 ans qui avait commencé dès la fin de mon adolescence, j’ai ressenti un vide immense, une grande panique, il fallait à tout prix rétablir la situation, faire quelque chose (encore le symptôme de l’activisme à tout va dont j’avais parlé auparavant…). C’en est suivi une période de grand n’importe quoi, avec des rencontres à tout va, une sorte d’adolescence à retardement. En un sens, ça m’a été utile à l’époque : ça m’a permis de rencontrer plein de monde, de me tester sur ce terrain de la séduction, sur une meilleure connaissance du comportement des femmes. Mais le constat au final était plutôt amer : un sentiment de déception vis à vis du comportement des humains, et de dégoût envers moi-même. L’impression de m’être sali, d’être allé au delà de ce à quoi je croyais, à mes valeurs.
Quelques années plus tard, me revoilà donc case départ, pour ainsi dire (pour l’anecdote, ce blog commençait en septembre 2004 par l’achat d’une nouvelle machine à laver, suite à ma séparation, et je me suis retrouvé, 7 ans plus tard, quasiment jour pour jour, à en racheter une pour m’équiper à nouveau…).
Pour résumer rapidement ma position : je ne peux et ne veux surtout rien.
Je ne veux surtout pas tomber dans le syndrome de la « relation-béquille ». J’en discutais il y a quelques jours avec une amie qui me disait (j’essaie de retranscrire ses mots, mais j’aurai pu dire la même chose) : « s’engouffrer dans une relation pour vite oublier la précédente, soit ça capote parce qu’on n’a pas la tête à ça, qu’on prend peur, et dans ce cas on fait du mal à la personne en face, soit parce qu’on se prend au jeu, on y croit mais sans être prêt et sans pouvoir s’y investir comme il faudrait, et ça capote en se faisant mal à soi même ».
Je me souviens aussi qu’elle me racontait son retour d’expérience sur les « batteries de mecs dépressifs » qu’elle avait pu croiser : « ils sont faciles à repérer, ils vont être super enthousiastes et faire moult promesses au début de la relation parce qu’ils mélangent tout, se sentent pousser des ailes et croient d’un coup libérés de leur mal-être grâce à cette rencontre, mais ça retombe hyper vite car bien sûr qu’une relation amoureuse n’est pas une réponse à une déprime, et du coup ils se métamorphosent rapidement en crapeau ingérable ». Dur constat, mais réaliste et qui résonne bien en moi..
Hors de question également que je retombe dans le syndrome un peu facile des sites internet de rencontres. Quand j’y allais, à l’époque, je me disais qu’ « on y trouvait de tout, donc pourquoi pas des gens bien ». C’est sans doute vrai, mais le prix à payer est trop lourd pour ça. Je ne parle pas là de coût financier, mais d’implication, de déceptions… Je l’ai vraiment vécu comme faire les choses à l’envers. On se fait une fausse idée des gens en discutant uniquement à l’écrit avec eux. On tente de s’investir avec des gens aussi paumés que soi. Et surtout, à en avoir tout le temps plusieurs en parallèle, on passe son temps à comparer, comparer, comparer.. Pour au final ne rien choisir, ou choisir puis regretter. La société de consommation dans ce qu’elle a de plus cynique, puisqu’avec d’autres êtres humains en face de nous.
J’avais également tenté le principe des sites « par affinités », où l’on remplit un très long questionnaire. Il y a un filtre financier important, ce qui permet d’éviter certains « boulets », mais au final, rencontrer des gens qui nous ressemblent trop ne m’est jamais apparu comme une bonne idée. Je n’ai jamais autant appris et « grandi » qu’en vivant avec quelqu’un qui m’était complémentaire. Et je ne cherche surtout pas mon clone, ça serait je pense assez affreux et stérile.
Mais, même s’il n’y avait pas tous ces retours d’expériences bien négatifs, une évidence s’est vite imposée à moi : je n’ai effectivement pas choisi ce célibat, mais je suis en train de choisir délibérément de le garder, de l’apprivoiser. Parce qu’il m’est nécessaire pour me « retrouver », et refonder mes bases.
Et aussi parce que c’est le seul moyen qu’il me reste pour rester fidèle à mes sentiments, être cohérent avec ce que j’ai pu promettre et annoncer. Et continuer à suivre mon coeur…
J’en ai vraiment ma claque de faire souffrir. A chaque fois, j’ai été 100% sincère dans mes engagements. Mais le constat est net : en l’état, ce n’est pas possible. Je n’étais pas en tort complet à chaque fois, mais je suis conscient d’avoir à chaque fois rejoué le même « cycle », du mec voulant porter un couple pour au final sentir le sol s’effondrer sous mes pas, et ne plus rien porter du tout. En faisant souffrir la personne en face, qui elle aussi s’était investie, sans doute sur des bases plus stables. Je me pose souvent la question de comment « casser » ce remake permanent de la relation ratée. Je n’ai pas la réponse absolue, mais je sais que le retour sur soi que m’apporte le célibat m’aide beaucoup à trouver les bonnes clés, enfin.
Je ne le vis pas du tout comme un sacrifice, plutôt comme une épreuve nécessaire pour parvenir à me retrouver et être enfin prêt à quelque chose.
Peut être que je finirai vieux garçon. Peut être que je retrouverai ce dont je rêve. Mais je veux avant tout être en paix avec moi-même, et prendre soin de mon entourage, arrêter de souffrir et de faire souffrir.
Je ne suis pas totalement d’accord avec la méconnaissance de l’autre par l’écrit. C’est tout à fait vrai dans le cas des sites de rencontres, la règle du jeu étant truquée, chacun sait qu’il cherche quelque chose et va faire ce qu’il juge utile pour l’obtenir. Quoi que ce soit. Mais il y a sur notre chère petite toile des milliers d’endroit où on se rencontre par hasard, ou l’on échange sans arrière pensée sentimentale. Et dès lors un échange tout ce qu’il y a de plus normal, voir peut-être même plus sincère, peut s’instaurer. Même qu’on est pas à l’abri de bonnes surprises 😉
Pour le reste, peu importe où on va, pourvu qu’on aille quelque part et qu’on prenne soin de profiter du paysage 😉