Grande première pour moi hier soir : je suis allé voir un concert de musique classique ! Et oui, à 32 ans, je n’avais encore jamais expérimenté ça, même pour des têtes d’affiche de qualité comme Rondo Veneziano ou Richard Clayderman, la honte !!
J’ai été invité donc hier soir par mon amie Caro (merci encore à toi !!), à voir la 9ème symphonie de Beethoven, avec grand orchestre symphonique, chorale de 100 personnes et tout et tout ! Et c’était… vraiment impressionnant.
Comme me l’avait expliqué un de mes potes à l’université, avec son élégance et sa poésie habituelle : « tu vas voir, le premier concert de musique classique, c’est comme la première fois que tu te fais dégorger le poireau ». Certes ! Mais cette fois-ci, ça a duré plus de 12 secondes et demi !
Bon, je vous fait un petit récit ? Déjà, l’opéra de Vichy est assez superbe, tout blanc, majestueux… J’ai rarement été aussi intimidé que lorsque je suis rentré là dedans ! Public très diversifié : des djeunz en converse, des vieilles dames en tailleur strict… Tout ce beau monde se tasse dans les balcons…plutôt petits et inconfortables, par ailleurs.
Sur la scène, plein de chaises vides, quelques instruments bizarres, et, au fond… les 100 choristes, qui sont là, assis à ne rien faire. Ca doit être un grand moment de solitude d’être en tête à tête avec le public sans avoir rien à faire pendant 1/2h… Ils n’ont d’ailleurs pas fini d’attendre, car ils n’interviendront qu’à la fin du concert, au tout dernier mouvement !
La sonnerie retentit pour que les mamies qui faisaient la queue aux toilettes se dépêchent, la tension monte, les lumières se baissent…
Les musiciens rentrent en scène dans un ordre très précis. Je crois que c’est ce qui me marquera le plus : les « conventions », cette façon de faire, immuable, rigide, un peu guindée, mais qui fait aussi le charme de la chose et qui donne cet aspect solennel… Une fois tout le monde en place, un ptit jeune avec un sourire narquois rentre : le premier violon. Et oui, il a d’ailleurs une tête de premier de la classe, et ses collègues le regardent rentrer, à part, avec un air vaguement jaloux. C’est le moment où ils s’accordent, où l’on entend la puissance des instruments dans cet opéra à l’accoustique forcément parfaite… curieux magma de sons, qui font penser à une mer un peu houleuse… Puis rentre le chef d’orchestre, avec une tête de chef d’orchestre comme on l’imagine, tout frisé. Il prend un air inspiré dans sa démarche, traverse les musiciens sans un regard pour eux, se contente de saluer le premier violon façon « tu quoque, filli! », puis va se poser sur sa petite estrade.
Boum, ça commence, dans un silence religieux. Surprise : je connais à peu près tout ce qui est joué, à un mouvement près. Je ne suis donc pas si inculte 😉 Le son prend vraiment aux tripes : moins fort qu’un concert rock, forcément, mais très puissant… rien à voir avec un disque en tout cas… On est vraiment transporté. Le chef entame sa crise d’épilepsie, agitant ses mains, tremblant parfois de tout son corps… on a eu beau m’expliquer, j’ai toujours pas vraiment compris à quoi il pouvait servir vu qu’apparemment les musiciens ne le regardent pas, concentrés sur leurs partitions, mais il est probablement indispensable…
Certains musiciens ont un rôle forcément ingrat, puisqu’ils ne jouent que très peu, à un moment précis du concert… J’ai eu une pensée émue pour MON idole, MA référence depuis des années, celui dont je me sens si proche : le joueur de triangle ! Le pauvre gars qui a l’instrument le plus ridicule de toute la galaxie, et qui est obligé de porter son espèce de cintre en métal pendant toute une symphonie alors qu’il ne fera que quelques « ting ting » tout à la fin ! Celui là avait particulièrement le look de l’emploi, un petit gros avec l’air tout triste, les bras croisés dans un coin, et qui cachait pas qu’il s’emmerdait profondément !
Et puis, donc, la fin arrive, assez rapidement… Les choeurs sont lancés à plein poumons, ça monte, ça monte… et c’est superbe ! La fin est une explosion de la part du public, je pensais pas que des mamies pouvaient faire autant de bruit ! Autant le silence religieux pendant tout le concert est perturbant pour quelqu’un comme moi habitué aux concerts plus…animés, autant les applaudissements finaux sont comme une « libération », où tout le monde tente de faire ressortir tout ce qu’il s’est pris par la figure… et on s’en est pris !
Les « salut » finaux des musiciens sont très académiques, le chef d’orchestre et les principaux chanteurs rentrent, ressortent, rerentrent, reressortent… 5 fois, 6 fois, 7 fois, je sais plus, à la fin je ne peux m’empêcher de rire franchement car c’est un peu ridicule de voir cette comédie se répéter, mais bon… là encore ça fait partie du charme ! Les musiciens semblent ravis. Ce sont tous des petits jeunes, mais qui ont sacrément assurés!
Magnifique soirée donc… Ca donne envie d’en revoir plein ! Merci Caro de m’avoir fait « grandir » un peu hier soir 🙂