Ca pourrait être une fable de la Fontaine, mais c’est une « leçon » de vie que je me remémore souvent, et qui permet de comprendre bien des choses…
Un test plus ou moins scientifique a permis de démontrer la chose suivante : lancez une grenouille dans une casserole d’eau bouillante, elle bondira immédiatement pour fuir le danger. Mettez maintenant une grenouille dans une casserole d’eau froide, puis faites chauffer l’eau petit à petit, elle s’habituera, tolérera la chaleur, et finira par rester jusqu’à se faire complètement ébouillanter.
Cette petite expérience authentique m’aide beaucoup quand je dois faire le parallèle avec des cas de la vie courante. J’y ai repensé hier en écoutant la polémique autour du « cas » Roman Polanski. Prenez une célébrité, découvrez qu’il a drogué, fait boire, puis violé une gamine de 13 ans, et que toute ambiguité est levée puisqu’il reconnait les faits, vous serez outré et beaucoup auraient envie de ressortir des envies de peine de mort !
En laissant passer du temps, avec les esprits qui se reposent, se calment, on repense aux oeuvres du bonhomme, on se réhabitue à le voir dans les journaux, dans les festivals, on reconnait son talent, on l’admire à nouveau, on l’honore de prix…. Et on finit par avoir une réaction complètement indignée lorsqu’un vilain juge s’obstine à vouloir le punir pour sa faute…. faute pour laquelle on l’aurait volontiers pendu à un croc de boucher quelques années plus tôt !
Je pense souvent à ça, à la capacité qu’à l’être humain à s’accomoder au grand n’importe quoi, avec du temps, avec des idées qui progressent petit à petit. Bien sûr que le temps permet de faire évoluer les choses, de progresser ; mais il permet aussi d’accepter l’inacceptable. Que ça soit un cinéaste talentueux mais qui a commis une chose atroce et impardonnable. Que ça soit une situation professionnelle complètement inacceptable mais qu’on apprend à accepter progressivement. Que ça soit des choix, des orientations, qui mènent dans des impasses insoutenables, et pourtant acceptées, par habitude, par dépit, par le polissage du temps qui file… Que ça soit des actions inqualifiables que des proches aient pu accomplir mais qu’on finit par pardonner au fil des jours qui passent…
Essayez de vous souvenir de cette grenouille et de cette casserole. Essayez de vous souvenir de votre impression première, de votre ressenti lorsque vous avez pris de front une nouvelle. Essayez de voir le problème « dans son ensemble », et pas tel qu’on finit par l’accepter au bout de mille et un petits compromis franchis comme autant de marches qu’on gravit d’un escalier.
Bien sûr qu’il ne faut pas être d’un bloc, et que la réaction à chaud n’est pas toujours la meilleure. Mais essayez toujours d’avoir une vision de l’ensemble du problème, sans le polissage du temps et des bras qui se baissent petit à petit. Je n’y arrive pas moi même toujours, mais quand je me souviens de tout ça, je vois souvent les choses bien différemment !
Il y a aussi strictement l’inverse. Des personnes qui s’efforcent de faire des choses bien, pour les autres, et qui sont parfois salis par des gens malveillants ou simplement idiots. Les grands méchants peuvent devenir gentils et les gentils des indésirables par le jeu des médias, des connaissances, des "il est comme-ci, il est comme ça" dans le dos. On en revient toujours au même… "au milieu de" rien ne bouge… pas de bruit… restons tranquille… ETRE n’est pas facile. Les autres, c’est l’enfer comme dirait l’autre.