(une nouvelle rubrique sur ce blog, avec une reprise des chroniques que j’écris un mois sur deux pour l’émission Système Co, sur Radio Campus Clermont. Si j’écris des chroniques ailleurs, j’essaierai de les publier également ici. C’est l’occasion de relire le compte rendu que j’avais fait sur l’écriture radiophonique !).
Puisqu’on parle aujourd’hui du bonheur au travail, ou au moins de manières un peu différentes de travailler, je vais évoquer aujourd’hui un truc qu’on peut appliquer relativement facilement pour se soulager de bien des cogitations : au travail, comme ailleurs, on passe beaucoup de temps à faire travailler son cerveau à autre chose qu’à des trucs productifs.
Et un cerveau en surchauffe ne peut pas être un cerveau heureux ! Voyons donc ce qu’il est possible de faire.
On passe déjà beaucoup de temps à se remémorer en permanence ce qu’on doit faire, les trucs en retards, les trucs à ne pas oublier. Bref on passe une bonne partie de son temps à faire et refaire sa « todo list », sa liste de tâches. L’agilité permet en partie de remédier à ça, il existe tout un tas d’autres outils bien pratiques, je vous en parlerai peut être une autre fois.
Mais je vais aborder aujourd’hui un autre domaine où l’on fait se fatiguer son cerveau à tort et à travers : à se mo-ti-ver. Et oui, au lieu de tout simplement faire les choses, diverses études montrent que l’on passe énormément d’énergie à se dire qu’on devrait les faire. Balot, non ?
En quoi nos bidules électroniques peuvent nous aider ? C’est le moment de vous présenter une des modes du moments, le quantified self. Derrière ce jargon américanisant, un truc tout bête : pour se motiver, rien de tel que d’avoir des chiffres qui vous donnent, preuve à la clé, votre progression.
Vous savez, comme quand vous voulez courir, vous allez faire une fois le tour du stade, puis deux fois la séance suivante, puis trois, et vous vous rendrez compte d’une fois sur l’autre de vos progrès. Enfin, si vous êtes un peu plus sportif que moi ! Où alors, chronométrez vous. Ou comptez les longueurs d’une piscine. Bref, c’est vieux comme le monde. A part que là, c’est un bidule électronique qui compte à votre place.
Dans la vie au quotidien, il existe maintenant des bracelets qui comptent les pas que vous faites chaque jour, pour vous encourager à en faire un peu plus. Il parait même qu’il existe même maintenant des montres à 18 000 euros qui font la même chose ! Mais quelques euros suffiront pour s’offrir un podomètre, et quelques dizaines d’euros pour le connecter à son téléphone et obtenir plein de jolis graphes sur votre évolution.
Dans le monde professionnel, on trouve maintenant ce genre d’indicateurs. Dans la méthodologie agile Scrum, le Burndown Chart (on aime bien les anglicismes, décidément) permet, via un graphique, de voir en un coup d’oeil les progrès d’une équipe. Mais on peut trouver mieux : j’utilise par exemple un outil pour gérer ma liste de tâches à accomplir qui s’appelle Todoist. Cet outil intègre un score, appelé Karma, qui grandit sur mon écran si j’accomplis les tâches listées de manière régulière.
On peut même aller plus loin : je teste depuis quelques jours un autre outil nommé RescueTime, qui, une fois installé sur son ordinateur, va fliquer l’ensemble de ses activités pour les résumer sur de jolis graphiques : combien de temps j’ai passé sur mon traitement texte, sur les réseaux sociaux, à lire mes mails… Avec à chaque fois des objectifs que l’on peut définir.
Big Brother à domicile ? C’est vrai que ça peut apparaitre presque flippant d’avoir un oeil scrutant l’ensemble de vos activités. Et il faut se poser la question de la destination de telles données, bien sûr. Mais ça peut être aussi de très bons indicateurs pour apprendre à se motiver un peu plus, ne pas se mentir (« noooon, je ne suis pas passé sur Facebook aujourd’hui. Oh zut, 23mn dessus ! »), et surtout arrêter de se flageller à courir après une motivation basée sur pas grand chose, mais plutôt voir les choses positivement et s’auto-congratuler d’objectifs atteints.
Vous l’avez compris, l’essentiel est de parvenir à libérer son cerveau de tensions où de tâches ingrates, pour se garder du temps de cerveau disponible pour l’essentiel, comme dirait l’autre. Mais le plus important, c’est aussi que l’on parvienne à se garder du vrai temps libre, du temps non scruté, non chronométré, du temps où l’on peut laisser son cerveau se reposer un peu, et laisser notre subconscient faire son travail, à savoir recharger un peu nos batteries et retrouver l’inspiration, pour mieux repartir un peu plus tard. Je vous laisse, je n’ai pas encore fait mes 10 000 pas pour aujourd’hui !