En faisant un peu de rangement chez moi l’autre jour, je suis tombé sur une disquette. Tiens, ça faisait longtemps que je n’avais pas utilisé ce mot. Disquette.
Je vous parle d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaitre : à l’époque, on se baladait avec une petite boite de disquettes dans lesquelles on pouvait transporter nos documents. Certes, pas beaucoup, puisqu’une disquette ne contenait au mieux qu’un peu plus d’un méga-octet. Mais suffisamment pour transporter un rapport, quelques images, bref le minimum pour pouvoir travailler d’un poste à l’autre.
Lancé dans un grand élan de nostalgie, j’ai voulu consulter les fichiers sur lesquels j’avais travaillé à l’époque.
Première étape : comment lire une disquette ? Par chance, j’avais un vieil ordinateur dans un placard qui permettait encore de les lire.
Deuxième étape : avec quel logiciel le lire ? Pour des documents Word, il est encore possible, éventuellement avec quelques outils annexes, de lire un document écrit avec une vieille version de ce traitement de textes. Avec d’autres logiciels, c’est bien plus problématique. Encore et toujours ces soucis de formats de fichiers !
Troisième étape : est ce que la disquette est encore en bon état ? L’humidité, le magnétisme, les raisons sont nombreuses pour qu’un tel support fragile ne soit plus exploitable après quelques années.
Si vous avez des sauvegardes sur un CD gravé, la situation n’est pas meilleure : ces supports ne sont pas utilisables plus d’une dizaine d’années !
Une clé USB ? Pour l’instant, c’est plutôt fiable. Mais pas très adapté pour un archivage à long terme.
Les sauvegardes sur bande des années 70 nécessitent des lecteurs qui n’existent plus. Et je ne parle pas des cartes perforées, des cartouches de sauvegarde, et autres exemples oubliés dans l’histoire de l’informatique.
Bref, pour en revenir à mon histoire, j’ai au final été incapable de relire un document qui ne date que d’une quinzaine d’années, alors qu’un Champollion parvenait à déchiffrer des textes datant de plus de 2000 ans.
Du document le plus anodin à celui le plus important, le problème est le même. On a tous dans une vieille boîte en fer des archives des photos des arrières-grands-parents. En revanche, sauf à avoir pris la précaution de tout transférer ou imprimer au fil du temps, les photos datant d’une dizaine d’années sont aujourd’hui rares. Paradoxal, à une époque où l’on n’a jamais pris autant de photos !
Sauvegarder ‘dans le cloud’ est une solution proposée fréquemment ces derniers temps. Stocker ses données chez un prestataire, que ça soit Google, Dropbox ou les autres, c’est aussi leur confier la mission de pérenniser ses archives. Mais que se passe t’il si le service ferme ? Même Google ferme régulièrement certains de ses services les moins rentables, en ne laissant que quelques semaines pour récupérer ses données et les mettre à l’abris.
La situation est d’autant plus préoccupante qu’il n’existe pas vraiment de solution à très long terme. Les grosses structures sont capables aujourd’hui de gérer des archives à 10 ans, pour répondre à certaines obligations légales.
Et là, vous allez me dire, mais, Mister Tic, que faire, que faire ? Eh bien, malheureusement, je n’ai pas énormément de pistes à fournir, car la situation est réellement problématique. A minima, il faut se préoccuper de sauvegarder ses données, et de les transférer lorsqu’on change d’ordinateur. S’assurer que l’on utilise des logiciels garantissant une compatibilité au moins à moyen terme (c’est peut être le moment d’utiliser des formats ouverts, tels que ceux d’OpenOffice).
Et surtout, il faut être conscient de la fragilité de nos documents numériques. Sans action spécifique, sans précautions, le destin par défaut de vos documents risque d’être bien peu glorieux… Mais finalement, reprendre les choses en main, c’est aussi ce qu’on a pu évoquer lors de cette émission, non ?