J’ai eu la chance d’assister hier à un petit atelier dont l’objectif était de former de nouvelles recrues à l’art de l’écriture pour un média que j’adore depuis toujours : la radio.
J’aime bien écrire. Mais je suis un sacré procrastinateur, et mes idées de sujets pour ce blog s’entassent. Du coup, lorsque j’ai l’occasion d’écrire « en collectif », je n’hésite pas, car ça donne une motivation, un objectif. Je me suis donc inscrit à cet atelier qui, en plus, me donnait l’occasion de creuser un peu la piste de la radio.
J’avais déjà assisté à un atelier plus technique, afin de pouvoir accompagner l’émission Système-Co de mes amis d’Epicentre Cowork. Mais l’écriture, c’est quand même autre chose…
Bon, au cas où ça ait échappé à quelqu’un ici, je n’ai aucune prétention particulière d’écriture. Je n’écris pas spécialement bien, je continue à mon grand désespoir à faire quelques fautes d’orthographe, et, je dois bien l’avouer, je n’ai pas non plus l’envie suffisante de mettre toute l’énergie indispensable qui permet de passer de la rédaction un peu laborieuse à un rendu plus satisfaisant. Mais je m’amuse bien, on va dire que c’est un début !
L’écriture radiophonique, donc. C’est un style assez codifié, journalistique. Il existe différents types de formats, que l’on retrouve sur la plupart des radios courantes :
- Le « papier », qui dure entre 50 secondes et un peu plus d’une minute. C’est un monologue, un récit permettant de relater un événement, tout en le décryptant. C’est un format particulièrement adapté à l’information, à la description d’un fait politique ou économique.
- La « brève », papier au format plus court : entre 10 et 20 secondes
- L’interview en direct, où, comme son nom l’indique, il va falloir improviser avec les réactions d’une tierce partie
- L' »enrobé », ou la « pastille », au format plus long (entre 2 et 6mn), qui est un mélange de textes préparés, de « sons » captés sur place (ambiance, interview…), qui nécessite donc un travail de montage particulier.
Après avoir pris connaissance de ces quelques formats, la formation nous a permis d’intégrer les règles et spécificités de ce type d’écriture :
- A moins d’être Philippe Meyer, faire simple : des phrases courtes, sujet/verbe/complément, pour s’assurer d’être suivi par son auditeur
- Se souvenir que l’auditeur n’écoute plus la radio que d’une oreille distraite : il est rarement concentré sur son écoute, et fait en général tout un tas de trucs en même temps. Il faut donc l’accrocher, lui donner des repères, avec entre autre des mots très « sonores » qui ponctueront la phrase et amèneront des accroches : « bref », « soit », « et pourtant si »…
- D’une manière générale, il faut apprendre à « écrire pour l’oral » : la plupart des journalistes se relisent à voix haute, pour se chronométrer, mais aussi pour repérer les lourdeurs qui ont un intérêt à l’écrit, beaucoup moins à l’oral
- Se relire à voix haute va également permettre de s’entrainer à ne pas accrocher sur des mots compliqués (l’idéal est de les éviter), ou des noms complexes (lorsqu’on fait un récit de l’actu, en particulier à l’international, là c’est incontournable…). Je dois dire que sur ce point là, les exercices de prononciation que j’avais pu faire au théâtre m’ont beaucoup aidé
- Eviter : les private jokes qui perdent l’auditeur, les insultes, l’humour difficilement compréhensible
- On peut favoriser en revanche un dialogue direct : « vous » est utilisable dans une phrase (moins le « tu », à moins d’intervenir sur Skyrock ou Fun Radio…)
- Ne pas chercher à imiter sa radio favorite, comprendre et assimiler la ligne éditoriale de la radio que l’on intègre. Dans le cas présent, il s’agit d’une radio associative, où l’auditeur est un peu plus permissif quant aux hésitations, approximations et autres bafouillages, mais où, justement, un style propre et travaillé est un gros plus
- Dans le cas d’une interview en direct, il faut trouver un savant équilibre : il faut venir avec des questions préparées, et un objectif de terrain sur lequel on veut amené l’interviewé. Mais il faut également écouter ses réponses, et savoir rebondir dessus en improvisant, tout en maintenant le cap pour ne pas être amené par l’interviewé trop loin du terrain initialement prévu. Pas simple !
- L’improvisation a finalement très peu de place, à moins d’avoir des années de « métier » derrière soi. On « entend » très facilement l’improvisation. A l’opposé, un texte trop « lu » scolairement s’entend également
La suite de l’atelier consistait à prendre un article dans le journal, puis d’en faire un « papier » adapté à la radio. On s’est ensuite enregistré (grâce à un atelier technique qui se déroulait à côté), puis, horreur, réécouté. Point commun à tous : on déteste, forcément, sa voix. Mais il est important d’apprendre à la connaître pour se perfectionner peu à peu.
Pour la postérité, voici le texte que j’ai rédigé et enregistré, sur le thème des opéras de Vichy et Clermont :
L’Auvergnat n’est pas sectaire, mais il aime bien avoir SON opéra, près de chez lui. Pour le Clermontois, le seul opéra qui compte est celui qui est pourtant fermé et en travaux depuis déjà plusieurs années, place de Jaude. Mais pour le Vichyssois, difficile de passer à côté de sa fierté locale, ce petit écrin de velours rouge édifié en 1900.
1200 places, 40 000 spectateurs chaque année, c’est bien, mais ça sent déjà le surdimensionnement pour une petite ville de province. Alors, comment trouver un équilibre maintenant que l’opéra clermontois fait son grand retour après six ans de travaux et, excusez du peu, 18 millions d’euros consacrés à la réhabilitation de ce bâtiment construit il y a plus d’un siècle par ce bon vieux Amédée Gasquet (le maire, pas le lycée).
Pour Claude Malhuret, maire de Vichy, chacune des salles possède bien sûr son identité propre. Serge Godard ne dit pas autre chose : il est confiant sur la capacité des clermontois à se réapproprier leur salle fétiche.
Mais, au delà des visions politiques, c’est le mécénat, forcément restreint, qui risque de limiter les projets et les événements.
Quant à la cohérence sur les programmations culturelles, elle est encore, ouvrez les guillemets : « en cours de réflexion ».
Bref, encore du chemin à parcourir, au bénéfice, on l’espère, du spectateur.
Certainement pas le texte du siècle (quelques remarques de notre « prof » me font voir ses défauts), mais j’ai pris beaucoup de plaisir à écrire en « figure imposée », et même à enregistrer ! Je recommencerai…
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