Décidément, je me sens, comme chaque année en période de championnat, en décalage complet avec mes concitoyens.
« Chez nous, c’est rugby ». Et, effectivement, auréolée de nombreuses victoires, l’équipe locale, l’ASM Clermont-Auvergne, est devenu le centre de toutes les préoccupations. « Qui ne saute pas n’est pas auvergnat », qu’il parait.
Bon, déjà, le rugby, je n’y comprends rien, ou presque. Mais ce n’est pas bien grave. Mais surtout, je n’arrive pas à être « fier ». Fier de quoi ? Que des gus venus du monde entier défilent en short sous des couleurs qui sont censées être les miennes ?
Le nouveau truc, c’est la « Yellow army ». Il faut en faire partie, c’est le nom auto-désigné des supporters. Il parait qu’on a « le meilleur public de france ». Cool ! Mais était-ce nécessaire de se draper du terme « armée » ? On m’a bien expliqué qu’il n’y avait bien entendu pas d’image belliqueuse à avoir, que c’était simplement pour dire qu’on était un groupe, ensemble, etc…
Je concède volontiers que le rugby a toujours su jusqu’à présent se protéger du pire qu’on connait dans le milieu du foot : budgets indécents, néo-nazis dans le public, violence.. Je n’ai rien à reprocher à tout ça, si ce n’est que je ne m’y retrouve pas du tout.
Je me fous du sport, et encore plus de la compétition. Je me fiche que machin ou bidule gagne telle ou telle coupe. Je comprends qu’on aie besoin de se distraire, de « rêver », de faire la fête ensemble. Quelque part j’aimerais bien pouvoir faire ce genre de choses. Mais être fier d’une couleur, d’un drapeau, d’une armée, désolé mais je n’y arrive pas. A l’heure où l’on pense global, ou les frontières tombent, où on cherche à faire en sorte que les gens communiquent et échangent le plus possible, ce côté « clan » me parait en décalage complet. Je dois décidément être bien trop individualiste !
Bon, je ne veux pas « gâcher la fête » puisque c’est ce qu’on m’a dit lorsque j’ai eu une fois le malheur d’exprimer mon j’menfoutisme complet quant aux préoccupations rugby-esques de mon entourage. Mais je sature un tout petit peu.