Jobs

Après avoir lu une demi douzaine de biographies autour de Steve Jobs et Apple, j’étais plutôt inquiet en payant ma place pour aller voir au ciné le biopic consacré au créateur d’Apple… Autant le dire tout de suite, j’ai été, contrairement à la plupart des gens, plutôt content de cette adaptation certes romancée et très incomplète, mais plutôt bien reconstituée… Peut être parce que je n’en attendais quasiment rien?

Je le savais, le film n’abordait que certaines parties de la vie de Jobs : en gros, depuis sa sortie (sans diplôme) de l’université, jusqu’à son retour chez Apple en 1997.

Pour commencer par ce qui m’a chiffonné :
– les ellipses dans le temps étaient parfois un peu lourdes. Passer directement de la présentation à la presse de l’Apple II à l’entrée en bourse de la société, 3 ans plus tard, c’est frustrant car ça ne dit rien de tout ce qui a fait d’Apple cette société si particulière.
– les arbitrages pour faire tenir le film dans deux heures sont parfois curieux. Difficile de parler du parcours de Jobs sans évoquer Bill Gates, et c’est pourtant ce qui se passe ici, hormis une rapide évocation du conflit lié à la sortie de Windows
– quelques erreurs factuelles, mais pas si nombreuses que cela, et plutôt nichée dans des détails. Par exemple, lorsque Jobs est présenté comme anticipant la sortie de la version 512Ko du Mac, alors que dans les faits l’anticipation de cette évolution avait été faite en secret par les ingénieurs de l’équipe, contre l’avis de Steve (c’est vraiment du détail, j’avais prévenu…)
– on sent l’hésitation des scénaristes entre deux voies : présenter Jobs, l’homme, ou Apple. On pourrait croire que le film à fait le choix de Jobs, mais dans ce cas pourquoi ne rien dire de ce qui s’est passé entre 1985 et 1997 ? Peut être pour éviter d’avoir à parler d’un studio de ciné, Pixar ?
– d’une manière plus générale, on ressort de la salle avec l’impression qu’à louvoyer entre plusieurs cibles de public, les fanboys et le grand public, le film loupe au final toutes ses cibles : pas assez dans le détail pour intéresser les connaisseurs, pas assez explicatif pour ceux qui connaissent peu le personnage.

Bon, ça en fait un paquet de défauts… Et pourtant, j’ai passé un bon moment. Pourquoi donc ? En premier lieu, j’ai trouvé le travail des acteurs impressionnant, Ashton Kurcher en tête, et la reconstitution (décors, costumes) très réussie et bien documentée (aaah, le mélange col roulé noir + bermudas et sandales de Jobs dans les années 90…). Certaines scènes sont clairement romancées, et bien des « acteurs » de ce qui s’est vraiment passé ne doivent pas vraiment s’y retrouver (difficile de s’atteler à une histoire contemporaine…), mais on passe un bon moment, et le film n’est pas sans émotion.

Mais surtout, j’ai bien retrouvé le Jobs que j’ai découvert au fil des biographies : tourmenté, roublard, ne concevant rien mais sachant bien s’entourer, avec un mélange de dureté, de naïveté, et surtout croyant fermement en son destin, forgé dans la culture des années 70. Il n’hésite pas à abandonner des amis sur le chemin lorsqu’ils ne sont plus utiles, il pille des idées en les reprenant à son compte

Il paraît qu’une seconde bio est en préparation, plus « officielle » puisque portée par une major hollywoodienne, et se basant sur la bio officielle ainsi qu’avec le support de Wozniak (qui n’a pas beaucoup aimé ce premier film..). On saura prochainement si le demi-échec commercial de ce premier essai refrénera les envies de lancer un autre projet, ou si au contraire cela les confortera dans leurs projets de « faire mieux ».

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